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Pour qu'Ernest et Célestine puisse devenir un film, il nous fallait bien sur toute une histoire. Cette histoire, c'est Daniel Pennac qui l'a imaginé, écrite et qui nous l'a raconté.

Pour ceux qui ne le connaisse pas, laissez moi vous le présenter... Daniel Pennac est avant tout un écrivain de romans. On lui doit entre autre la saga des Malaussène ("Au bonheur des orges", "La fée Carabine"...), l'hymne à la lecture "Comme un Roman", des romans pour enfants ("L'Oeil du Loup", "Cabot Caboche") et plus récemment, "Le Journal d'un corps"

Représentation de Daniel Pennac interprétant son scénario

C'est Monsieur Didier qui a eu l'initiative de lui demander de participer au film après avoir lu "l'Oeil du Loup". Ce qui est amusant, c'est que Monsieur Didier lui a fait cette demande sans savoir que Daniel Pennac connaissait Gabrielle Vincent, l'auteure des albums Ernest et Célestine. Ces deux là avaient été lié par une relation épistolaire. Ils ne se sont jamais rencontré, jamais téléphoné et n'ont correspondu que par lettres. Daniel Pennac admirait le travail de Gabrielle Vincent et vice versa. 

Il commença donc l'écriture du scénario avec en tête, la lourde tâche de rendre hommage à son ancienne amie. Pour cela, il a choisi d'en faire un adaptation très particulière puisqu'elle ne reprend pas directement l'univers des livres. Voici un court résumé de l'histoire: 

Dans le monde conventionnel des ours, il est mal vu de se lier d'amitié avec une souris.
Et pourtant, Ernest, gros ours marginal, clown et musicien, va accueillir chez lui la
petite Célestine, une orpheline qui a fui le monde souterrain des rongeurs. Ces deux
solitaires vont se soutenir et se réconforter, et bousculer ainsi l'ordre établi...

 

Ce scénario avait une particularité, il se trouve que je ne l'ai pas découvert en le lisant, il nous a été conté par l'auteur. Ce détail peut paraître anecdotique et pourtant il avait son importance puisque Daniel Pennac a le don d'être un excellent conteur. 

Il raconte ses histoires en y mettant la même énergie que les personnages qui les vivent, modulant sa voix selon les carrures des ours et des souris, interprétant tour à tour Ernest ou Célestine en les mimant. Son récit est parsemé d'anecdotes liées à la relation privilégiés qu'il entretient avec les vrais souris qui squattent sa maison. Bref, tout cela en fait une expérience riche et inspirante pour ceux qui vont mettre en images son récit. 

Représentation de Daniel Pennac interprétant son scénario

Pour les plus curieux, je vous propose de vous faire une idée de son scénario. Vous trouverez ci dessous un extrait écrit du scénario écrit par Pennac

14. Int. maison d'ernest - petit matin

C'est un triste capharnaüm chez ERNEST. Meubles déglingués, poussière et toiles d'araignées, vieux piano, d'autres instruments de musique : cymbales, tambour, vieil accordéon qui dégringole jusqu'au sol,…

Un gros lit de bois à baldaquin, (sans le tissu du baldaquin) un gros ours endormi dans le lit, on s'approche, c'est ERNEST.

Il dort mais un petit chapeau de neige sur son museau l'agace. Son nez se retrousse :

ERNEST :

AAAAAAAAAT…

La neige tombe par un trou du toit, juste sur sa truffe.

ERNEST : (CONT'D)

TCHhAAAAAAA !

La poussière accumulée dans la maison s'envole. On n'y voit plus rien. La poussière retombe. ERNEST est assis dans son lit. Sourcils froncés, il n'a pas l'air de bon poil. Il grogne:

ERNEST : (CONT'D)

J'ai faim.

Il se lève, traverse la chambre en renversant une chaise, ouvre un placard. Le placard est vide. Le regard d'ERNEST aussi.

ERNEST : (CONT'D)

(un peu plus fort)

J'ai faim !

Il ouvre une vieille armoire, elle est pleine de pots de miel. ERNEST en saisit un : vide. Il le jette par dessus son épaule. Un autre : vide. Il le jette aussi. Un troisième : vide. D'un grand geste du bras, il balaie tous les pots et plonge la moitié du corps dans l'armoire.

ERNEST : (CONT'D)

(encore plus fort)

J'ai faim !

Il sort la tête de l'armoire, regarde autour de lui en marmonnant :

ERNEST:

J'ai faim, j'ai faim, j'ai faim, j'ai faim...

Il ouvre une trappe et descend l'escalier branlant de la cave. La cave: soupirail, toiles d'araignées…

ERNEST :

J'ai faim, j'ai faim, j'ai faim, j'ai…

Son regard s'illumine. Au fond de la cave, rayonnant comme le saint sacrement, un congélateur tout blanc et très prometteur.

ERNEST:

(tout joyeux)

OOOOH !

Il court vers le congélateur.

Il ouvre le congélateur : Vide.

Il le referme en claquant la porte. Ici on s'aperçoit que le congélateur était une hallucination d'affamé. En réalité, c'est un vieux buffet poussiéreux qui se disloque quand ERNEST en claque la porte.

ERNEST :

(hurlant)

J'AIAIAIAIAI FAIM !

15. ext. maison d'ernest - petit matin

Le hurlement d'ERNEST retentit sur toute la campagne alentour. Le peu de neige qui restait sur son toit s'effondre, les corbeaux s'envolent, les biches détalent, les lapins plongent dans leur terrier, les écureuils se bouchent les oreilles, le renard lâche sa proie et s'enfuit, et l'écho du hurlement d'ERNEST s'insinue jusque dans les rues de la ville.

ERNEST sort de sa maison.

ERNEST claque derrière lui la porte de sa maisonnette. Il est habillé avec un gros pantalon de velours, un vieux manteau, une écharpe, un chapeau. Il trimballe un accordéon, des cymbales, un harmonica, une grosse caisse, bref, tout un attirail d'homme orchestre qu'il enfile vaille que vaille au fur et à mesure qu'il marche : la grosse caisse sur le dos, l'accordéon sur le ventre, sa clarinette et son harmonica pendant à son cou, etc. Aux mouvements de ses lèvres on devine qu'il continue de grogner : j'ai faim, j'ai faim…

Daniel a fini le scénario vers le début de l'année 2009. C'est donc à ce moment que l'équipe artistique a commencé à se former.

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